critique

Editeur historique en cartes postales, Normand à plein temps et photographe devenu artiste-peintre, Gérard LE GOUBEY, tout en demeurant figuratif, a su éviter la représentation trop minutieuse du motif, préférant l'analyser en profondeur et en effets, accordant ainsi à ses sites, paysages ou marines, un style bien personnel, et d'y révéler ainsi une luminosité et une présence particulières.

En effet, Gérard LE GOUBEY propose un intéressant canevas de couleurs et de formes frôlant parfois le cubisme, mais conservant l'élégante finesse des nuances au gré des rythmes de la nature, de la magie des atmosphères souvent sereines, où la fluidité des nues et des eaux en active plus encore la rigueur équilibrée des bâtisses et des êtres,confrontés aux jeux de la lumière et aux contrastes des heures et des saisons, qu'il s'agisse d'une secrète Normandie ou de pétulants paysages venus du Sud.

Mais Gérard LE GOUBEY s'exprime aussi avec talent lorsqu'il lance sa palette vers de vigoureux et somptueux bouquets,dont la vitalité n'est pas moindre que sa touche expressive et ferme des motifs.

André RUELLAN, critique d'art


La lumière pour complice

Venu à la peinture par la photographie, Gérard Le Goubey puise son inspiration sur les rivages de France. La rencontre de la terre et de l’eau stimule ses compositions. Sensible à l’architecture de nos villes et de nos villages, il en cerne les lignes directrices en faisant abstraction des détails. Originaire de la Manche, il en connaît les charmes les plus secrets.

Après s’être orienté vers des études de médecine, Gérard Le Goubey renonça finalement à cette voie pour rallier l’entreprise familiale, une maison spécialisée dans l’édition de cartes postales. Créée à Saint-Pierre Eglise en 1904, cette affaire réputée, initialement fondée par le grand-père du peintre, n’a jamais cessé d’exister. Reprise par l’oncle de Gérard, qui demeurait farouchement fidèle au noir et blanc (Gérard perdit son père à dix-neuf ans), la société se mit assez tardivement à la couleur. Ayant à son tour pris le relais de son oncle, Gérard Le Goubey, se lança dans la prise de vue et transféra la société à Caen en 1965. Aujourd’hui l’entreprise, déménagée pour la seconde fois, se trouve installée à Bretteville-sur-Odon. Elle est restée dans la famille depuis quatre générations et maintenant, au sein du Groupe Leconte. C’est ainsi que, pendant quarante ans, Gérard sillonna tout l’Ouest et le Nord de la France avec son appareil photographique, vocation qui allait peu à peu l’ouvrir à l’univers de la peinture dont l’élément premier, la lumière, cette complice de chaque instant, tisse un lien naturel entre deux pratiques artistiques.

Mais on ne devient pas peintre par le seul goût de l’image et l’exercice réitéré de l’oeil. A ce stade, il nous faut revenir en arrière. Au cours de ses études secondaires, au Lycée Victor Grignard de Cherbourg, G. Le Goubey eut la chance d’avoir un très bon professeur de dessin, M. Lefèvre, à qui il rend hommage. Ayant parallèlement rencontré Pierre Folliot, le peintre de Fermanville dont il aimait tout spécialement les gouaches, il avait, en quelque sorte, le pied à l’étrier. Ces deux « maîtres » lui transmirent une part de leur savoir. C’est auprès de Folliot que Le Goubey apprit à se servir du fameux couteau à mastic, usage dont il s’est fait une véritable spécialité. Son recours fréquent aux aplats s’en trouve ainsi facilité. En quarante ans de déambulation, qui l’entraînèrent de Dunkerque à Brest, G. Le Goubey eut tout le temps d’observer le paysage et d’en analyser les formes, les accidents et les lignes de force. La peinture, il ne la pratiquait que par intermittence, remettant souvent à plus tard tel ou tel projet de tableau. Libéré du travail que lui donnait son entreprise, il peut enfin se consacrer à sa passion. « Mon métier de photographe m’a appris à regarder le ciel. Avant l’avènement du numérique, on était obligé de composer avec lui, d’accepter ses caprices. Pour les cadrages, j’opérais d’une manière différente quand je cernais un thème pouvant inspirer une toile. La plupart du temps, les détails m’ennuyaient car ils perturbaient l’unité même du paysage. J’ai peu à peu appris à les éliminer, à en faire abstraction, privilégiant plutôt les masses, les différentes zones de couleurs. J’ai une prédilection pour l’eau, les espaces terraqués et une certaine rudesse aussi. J’aime les ports de la côte normande, mais Barfleur et ses gris me plaît infiniment plus que Saint-Vaast. »

Dans son atelier, G. Le Goubey possède un paysage emblématique de Jean Picart Le Doux (1902-1982). Cette toile de 1938 fait aujourd’hui partie des « pièces rares » du grand cartonnier. Il s’y replonge de temps à autre, comme pour y retremper son énergie. La presqu’île du Cotentin, la Côte Armoricaine, Honfleur, les villes du Calvados, la Corse et les rivages lointains font partie des thèmes favoris du peintre. « Avant de me mettre au travail, avoue-t-il, j’ai d’abord la vision du sujet dans ma tête. Parfois, il m’arrive de me relever la nuit pour entamer le tableau auquel je songe. Peindre en lumière artificielle ne me gène nullement. » Ayant, depuis plus de vingt ans, appris à « synthétiser » sa perception du monde, il n’a pas constamment besoin d’avoir un modèle sous les yeux.

Luis PORQUET
Janvier 2007


Une expo de l'ancien spécialiste de la carte postale

Gérard Le Goubey, dont le nom figure sur tant de cartes postales de notre région, profite des loisirs de la retraite pour se livrer à ce qui a toujours été sa passion ; la peinture. Il expose actuellement ses œuvres à l'atelier Gérard Boukhezer, 33, rue Montoir-Poissonnerie, à l'angle de la rue du Vaugueux.

« Quand j'étais encore en activité, je pratiquais l'acrylique, car cela allait plus vite. Mais, depuis deux ans, j'ai pu reprendre la peinture à l'huile et surtout au couteau. »

II y a également évolution dans la vision, la manière de faire : « J'ai tendance, dit-il, à épurer. C'est une espèce de réaction après l'édition de cartes postales. Sur ces dernières, il faut tous les détails, quitte à supprimer - merci à l'informatique - ceux qui sont gênants, tels les poteaux et fils électriques, heureusement en voie de disparition. » De fait, si les toiles sont toujours figuratives, elles tendent vers une simplification des formes, il y a, à la fois, rupture et continuité, car les thèmes sont le plus souvent des paysages de notre région qu'il a tant parcourue, appareil de photo à la main, avec une prédilection pour le nord Cotentin. « Ce que j'essaie de capter, c'est la lumière, douée et claire à la fois, si subtile. Je suis originaire de cette région et ne m'en lasserai jamais. »

Gérard Le Goubey est aussi allé aux Antilles, d'où il a rapporté des compositions aux couleurs plus saturées, ou, plus près de chez nous, dans le Gers aux champs éparpillés et contrastés. Mais ce qui est le cœur de son inspiration, c'est le port de Barfleur, le havre de Portbail, la pointe d'Agon-Coutainville. La touche est large, ferme, ce qui per met à Gérard Le Goubey de se mesurer à des sujets aussi courus que le port de Honfleur et d'en donner une vision originale.

Ouest-France, mai 2004


Channel auto Citroën : des voitures et des tableaux

Durant tout ce week-end, Channel auto Citroën organise des portes-ouvertes pour la sortie de la C 5, une élégante routière dont l'harmonie des volumes ne manquera pas d'attirer plus d'un regard. A cette occasion, les concessionnaires ont eu la bonne idée d'inviter un peintre. Ce dernier a été installé dans le hall de présentation parmi les différents modèles de la marque aux chevrons.

L'artiste a un nom qui n'est pas inconnu. Gérard Le Goubey est éditeur de cartes postales. Une activité pratiquée de père en fils : « C'est mon grand-père qui a démarré en 1904 », raconte-t-il.

Si lui et sa famille ont quitté le Nord-Cotentin en 1965 pour s'installer dans la région de Caen, la souche familiale est à Saint-Pierre-Eglise. Pas étonnant qu'on retrouve dans les thèmes de ses tableaux des paysages du Val-de-Saire et de la Hague. « Ce que J'aime, c'est la lumière, l'atmosphère, l'eau», explique cet homme qui, de temps à autres, abandonne volontiers l'appareil photo pour le pinceau, « A une époque, la peinture était pour moi une sorte de revanche sur la photographie car contrairement à cette dernière, on peut y apporter des retouches. Maintenant, tout a changé avec le numérique », lance Gérard Le Goubey en souriant.


A partir d'aujourd'hui. Gérard Le Goubey expose à la Galerie de la Marine. Ses toiles resteront chez Jack Lem jusqu'à la fin du mois. On annonce toujours les expositions parce qu 'elles sont le reflet du dynamisme culturel de la région. Pourtant bien souvent ce dynamisme se résume à un pâle reflet de l'imagination, à un sombre travail laborieux privé de la moindre émotion. D'une année sur l'autre les peintres reviennent, identiques à eux-mêmes, enfermés dans leurs certitudes.

Mais Gérard Le Goubey n'est pas de ceux-là, il étonne. Ce photographe devenu peintre pour se débarrasser du détail est en mutation permanente. Les œuvres qu il présentait l'année passée dans la même galerie avaient déjà en elles cette force d'abstraction qui amène le regard à l'essentiel. Cette fois un pas de plus est franchi vers la composition pure. Ses paysages ne sont pas des reflets plus ou moins édulcorés de la réalité, ils sont lumières, graphismes et contiennent une violence communicative. Peu à peu le peintre s'échappe des contingences obligées de la peinture pour parvenir en douceur à donner le meilleur de lui-même. Les villages qu'il révèle au coin d'un soleil sombre, les marais qui s'ouvrent sur la lumière, sont rythmés comme une partition. Rien à voir avec le figuratif de démonstration. Ici tout est sentimental, visuel, émotionnel. Bref Gérard Le Goubey est un peintre parce qu 'il est lui-même le filtre de sa propre vision. Il mérite largement mieux qu'un regard distrait, on ne dialogue pas en quelques minutes avec un homme qui sait voir et aimer les ombres.

Presse de la Manche, mars 1984

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