Un peintre d'aujourd'hui

Jean Salou, aquarelliste, fresquiste et sculpteur normand lauréat du Prix Sokoloff lors du Salon 2008.

A l'éphémère

Je suis là, immobile, tentant de faire bonne figure.
Je sens votre regard exercé sur mes traits,
sur chaque aspérité de mon visage. J'augure,
Que d'un piètre modèle vous faites le portrait.

Je sens également la caresse du pinceau
Lorsqu'il déflore le papier sous vos phalanges,
Lui laissant en souvenir une masse étrange
De traits et de couleurs ; une peinture pour manteau.

De temps à autre, votre corps s'arrête : il respire.
Le pinceau en l'air, les yeux au ciel : il s'inspire,
Avant de fondre à nouveau sur la toile,
Fixe pour l'éternité de nouvelles étoiles.

J'aime cette rencontre impromptue où il n'existe,
Entre nous, que le lien du peintre et son modèle.
Ce lien volé, offert. Ce lien qui ne résiste
A l'éphémère. Je vous remercie pour ce lien.

(Pardonnez à l'étudiant maladroit, ces quelques vers. ils ne sont que le ressenti de liens que vous avez fixés à jamais)

Poème d'un étudiant inconnu, lorsqu'en revenant en T.G.V. du vernissage du Salon de printemps de Lyon, Jean Salou peignait de manière discrète les les dormeurs qui voyageaient.

Bulletin de la Société Lyonnaise des Beaux Arts,
N°6, mai 2008


Jean Salou, aquarelliste, n'a guère besoin des mots pour s'exprimer. Il matérialise en quelques taches de pigments savamment dilués toute une symphonie de couleurs et donne ainsi naissance à des oeuvres dynamiques d'une grande qualité, essentiellement d'essence figurative. L'oeil est attentif, et la main créatrice. Lorsqu'il voyage, qu'il assiste à un concert, voire à un spectacle quelconque, ou même qu'il se restaure, il pousse aussitôt au bout des doigts de Jean Salou un pinceau qui s'élance sur une feuille blanche en une étrange chorégraphie rythmique. Le résultat est immédiat, et les fibres du pinceau gambadent déjà sur une nouvelle feuille à la recherche d'un autre angle, source originelle d'une nouvelle peinture remarquable.... Le pays d'Auge, où il réside, est une source intarissable d'inspiration pour cet artiste qui peint également des fresques a fresco sur commande....

Gilles Guillemain
"La Nouvelle République"
Châteauroux
13 juin 2008


Classification par axes d'expression

Il est possible de situer Jean Salou dans une classification générale sous l'angle du formalisme, de la matérialité, de l'investissement et de la communication.

A – Formalisme : Le formalisme du travail se donne à voir dans un type figuratif de la vision la plus poétique au ressenti le plus délicat de ce qui fait notre vie et notre environnement exprimés par les diverses formes de peinture dite de « tradition française » (à la manière de Cézanne pour les paysages, de Boudin pour les marines ou de Kisling pour les portraits). Les formes sont enlevées mais pas vraiment expressionnistes (référence à Giacometti ou Jean Hélion).

B – Matérialité : La matérialité de ce qui est donné à voir se traduit par des couleurs et des matières plus ou moins estompées, diluées, évanescentes, jouant sur leurs transparences (à la manière de Zao Wou Ki ou Olivier Debré) L'oeuvre est « structurée » dans sa « non structuration » et inversement par des répétitivité de formes, de signes ou de matières (à la manière de Viallat, Toroni, Degottex ou Hantaï).

C – Investissement : L'artiste s'investit dans son oeuvre par l'expression d'une sensualité affirmée qu'elle soit factuelle, symbolique ou réaliste, plus vers la corporéité et les sens, résultat d'une action par une gestualité corporelle mais essentiellement manuelle.

D – Communication : L'artiste a la volonté délibérée de communiquer à travers ses oeuvres ses messages. Sur le signifiant, les travaux forment en eux-même un discours assumé par ses variations de réalisation.

Etienne Caveyrac
Critique d'Art
Bureau d'Art contemporain 2007


La grange d'Englesqueuille, atelier d'art

« Vite, toujours plus vite pour aller droit au but ».
Telle pourrait être la devise de l'aquarelliste Jean Salou... Il a depuis toujours consacré ses loisirs à la peinture. Après avoir quitté le barreau en 1999, il vit de sa peinture à Cambremer, au cœur du pays d'Auge.

Fabriquant lui-même son aquarelle, Jean Salou, vareuse et pantalon rouges de pêcheur, saisit « vite, sans esquisse préalable, ni retouche a posteriori ». Musiciens des concerts locaux, navigateurs de la Route du rhum, estivants sur la plage, chevaux... le trait est rapide et sûr. Délégué de Juristes sans frontières au Tribunal Pénal International de La Haye, l'avocat-peintre en a rapporté des croquis d'audience étonnants.

Depuis le début de l'été, une grange du XVIIe siècle, longue bâtisse à colombages de 18 mètres de long, abrite les œuvres de l'aquarelliste. Une trentaine d'ouvriers ont démonté et remonté - ou remplacé - une à une pierres et pièces de bois pour un bâtiment reconstruit à l'identique. Aquarelles et grange-atelier d'art se découvrent au terme de plusieurs kilomètres dans la campagne.

Jean-Pierre Beuve (Le Point - 09/09/2004)


C'est l'histoire d'une belle renaissance. Une magnifique grange du XVIIe qui se morfondait dans les grandes herbes folles et les ronces a retrouvé vie. Et quelle vie! Elle a été reconvertie en... atelier et galerie d'art à Cambremer. Pour cela il a fallu la démonter pièce par pièce, toutes numérotées, les plus meurtries ont été remplacées par des pièces de bois neuves. Le résultat aujourd'hui est une longue bâtisse à colombage dans le plus pur style normand. [...] Nous sommes chez Jean Salou, cet ancien juriste rennais qui a tout plaqué pour sa passion : la peinture et plus particulièrement l'aquarelle.[...] Jean Salou allie une grande maîtrise à la spontanéité du geste. Il veut "saisir vite, sans esquisse préalable et sans retouche a posteriori" un mouvement de lumière ou un volume.

Jean réalise aussi des fresques selon la technique traditionnelle a fresco.

Xavier ORIOT (Ouest France)


Les concerts des promenades du pays d'Auge, beaucoup d'entre vous connaissent. Cette quinzaine de promenades musicales a lieu tous les ans près de nos côtes [...] Il (Jean Salou) reste assis par terre ou à genoux pour saisir une image, les peintres, une ambiance sur le vif et retranscrire ces émotions sur le papier, sous forme de superbes aquarelles qui représente à elles seules une symphonie de mouvements, de lumières, de volumes et d'atmosphères privilégiés. Ses créations, qu'il juge lui-même "très gestuelles", dénotent de la part de l'artiste, une volonté d'inclure la notion du temps, à la manière du chef d'orchestre...

L'Eveil de Lisieux (17/07/2002)


Jean Salou, c'est l'homme qui peint les musiciens en concert. Celui qui croque à l'aquarelle, qui un violoniste, qui une pianiste, qui une soprano. D'une façon nerveuse et énergique, comme pour reconstituer une gestuelle, une attitude à un moment donné. L'artiste doit aller vite, car cela ne dure que "le temps d'une sonate, d'un concert" a commenté Pierre Sécheret.
Aller à l'essentiel pour mieux dégager l'émotion. Où se dégagent les vibrations d'un artiste peignant au coeur de la musique.

Le Pays d'Auge (16/07/2002)


[...] Autodidacte, il (Jean Salou) veut peindre ce qui lui est cher à sa façon. La spontanéité du geste prédomine, dans ces aquarelles aux couleurs généreuses. "Je ne retouche jamais. Le premier jet est celui qui compte. Je réalise moi-même mes couleurs à partir de pigments", explique ce dernier. Depuis qu'il a pris son congé sabbatique en janvier 2000, après plus de vingt années de carrière, il consacre son temps à sa passion pour l'aquarelle.

"Ma spécialité était le droit économique et social. J'ai essayé d'aider les jeunes avocats. C'était ma vie professionelle. C'est émouvant d'exposer ici, de dévoiler mon jardin secret. Le Parlement est un lieu où je me trouvais souvent", commente Jean Salou. Le Palais du Parlement, il le connaît. Ses peintures évoquent ainsi cette face cachée de la vie du Parlement, ces lieux habités par ceux qui y travaillent. Ses aquarelles esquissent les silhouettes en noir de magistrats qui semblent flotter dans les couloirs de la galerie...

L'une de ses oeuvres évoque le terrible incendie (du Parlement de Bretagne) du 4 février 1994. Oeuvre bicéphale, car suivant l'endroit où l'on se place, deux vues se présentent, l'une "normale", tandis que l'autre présente la bâtisse en feu. "J'étais aux premières loges lors de l'incendie, car je demeure place du Parlement. J'ai réalisé deux aquarelles. Je les ai découpées en 36 bandes que j'ai collées sur un support. La nuit du 4 février 94, je l'ai passée à peindre. J'ai offert le fruit des ventes de plusieurs de ces travaux à l'association pour la renaissance du Parlement". Il a également représenté le Palais en reconstruction, tout enveloppé d'échaffaudages. "Le motif de la reconstruction est pour moi le symbole de l'espoir".

Les droits de l'homme, cet homme de droit les porte au coeur. Sur un planisphère, avec minutie, les noms des ethnies ont été un à un calligraphiés. "C'est peut-être un peu naïf, mais j'avais envie d'évoquer les droits de l'homme". La figure de l'homme revient indéniablement, tantôt ce sont des musiciens, des hommes d'orchestre en répétition, tantôt des modèles vivants.

Cette passion pour la peinture, il la partage avec les autres. "Cela permet d'aller à l'essentiel dans la vie, de communiquer autrement avec les gens. Avec des confrères, j'ai aussi participé à des expositions communes avec des détenus de prisons. Nous avons exposé dans les prisons et eu des échanges au cours desquels j'ai évoqué ma démarche de peintre. Nous avons aussi organisé des expositions de travaux picturaux de détenus au tribunal".

Nathalie Jay

Vous pourrez trouver les aquarelles colorées et vivantes de ce peintre plein d'esprit, vous accueillant avec chaleur et bonne humeur sur fond de musique classique. Très discret sur sa vie, il nous fait tout de même part de ses expériences et son talent en tant qu'artiste.... Il peint avec passion ce qui vit, ce qui bouge, ce qui est beau, ce qu'il aime en somme et ce depuis la maternelle. Ses tableaux de danseurs, de musiciens, de gestuelles ou de marines sont parfaitement représentatifs de ce peintre secret mais expansif...

Exposition à Notre Dame Porbail
Mercredi 5 août 2009
La Presse de la Manche

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