Régis Bouffay

Elève de Pierre Gautiez, professeur de dessin d'art, Régis Bouffay quitte l'Ecole de Trouville en 1969 où il a suivi une formation dans le domaine de la publicité. Depuis l'âge de 10 ans, la publicité et la décoration l'attirent. Il rêve de devenir peintre en lettres. Entre ce type de vocation et la « peinture », il n'y a qu'un pas… que l'artiste franchit au début des années 80 non sans avoir balancé au préalable entre la musique (un autre de ses talents) et le dessin figuratif. Un choix qu'a priori, il ne regrette pas.

Venu du Pays de Caux où il a grandi, l'artiste enseigne son art à Elbeuf depuis une petite vingtaine d'années. Il est aussi professeur dans une école d'étalagiste de Mont-Saint-Aignan. Régulièrement, notamment à Pâques et tout au long de l'été, il propose différents stages d'aquarelle, huile, pastel, acrylique… dans un esprit « carnet de voyage » sur la côte normande, en Bretagne ou un peu partout à travers la France. Son atelier compte actuellement quelque 55 élèves qui le suivent volontiers à travers ses pérégrinations. Au printemps prochain, par exemple, il les emmènera croquer des épaves de bateaux du côté de la rivière d'Etel ou de Lanester (Morbihan). Pour ce qui est de l'été, il prendra la direction de Sarlat (Dordogne). Chaque année, les premiers jours d'août sont consacrés à la côte normande.

De son enfance vécue au bord de la mer, Régis Bouffay garde le goût de l'eau, des rivages, du Pays de Caux qu'il ne se lasse pas de peindre, tout comme les fleurs, les jardins, les maisons elbeuviennes délabrées ou non, les portraits, les choses insolites... L'artiste travaille généralement six mois sur un même thème. Au Salon des Œuvres sur Papier de Caudebec-lès-Elbeuf, il présente 25 aquarelles (3 ou 4 d'entre elles se rattachant toujours à un même thème) et 3 élégants nus féminins à la sanguine, sujet qu'il n'avait pas travaillé depuis un bon moment. En ce qui concerne les aquarelles, comme nous l'avons dit précédemment, l'inspiration se puise à de multiples sources.

Elle peut être rurale (« Les brocs ») ou marine avec une série d'épaves de bateaux rouillées, dont la coque est couverte d'algues vertes ou tout simplement squelettiques (« Quelmer, Côtes d'Armor », « L'Epave verte », « L'Anester », « Le Magouër », « Carrelet sur la Rance »…).Trois portraits de « Roda » traités d'une manière toute personnelle, une robe s'effilochant en coulures colorées (par ex « Roda 3 »), une autre robe dont le motif serait peut-être un peu plus chargé. « En Somme, Saint-Valéry s'aima fort », autre « Roda » et délicate affiche du Salon des Œuvres sur Papier 2014 qu'elle sert à la perfection. « Austin Mini Turquoise » abandonnée et déclinée de dos, de face et (presque) de profil.

Deux vélos solitaires à peine masqués par un rideau d'agapanthes ou en groupe sur un pont. Le bord de mer et bien sûr, les maisons elbeuviennes à pans de bois (« La crêperie » de la rue Guynemer, la « Manufacture Amédée Copplet », « Rue Guynemer »), des travaux de démolition (« Potins de chantier ») ou une chaise aux chardons bleus aux tonalités bleues et vertes que l'on retrouve souvent dans l'œuvre de l'artiste. Toujours de belles perspectives, un bon dosage des couleurs, une sobriété certaine et une lumière omniprésente dans un dessin parfaitement nettoyé qui ne retient que l'essentiel.

Désormais, l'artiste maîtrise parfaitement son art. Fréquemment invité d'honneur de différents Salons, il a aussi en 1980 dessiné une couverture pour le magazine « Elle ». En 2004, il a encore eu l'occasion de participer à une mission scientifique dans le grand Nord (Spitzberg) aux côtés de Jérôme Tabouelle, docteur en géologie, attaché de conservation et responsable des collections de la Vie et de la Terre du Muséum d'Elbeuf. Il a ainsi réalisé nombre de dessins pour le groupe de chercheurs qui formaient l'expédition. Et bien sûr, il s'est fait plaisir en dessinant aussi pour lui-même. Il signe également plusieurs ouvrages dont un livre d'aquarelles paru en 1992, un ouvrage pour enfants, des carnets de voyage (en Roumanie, par exemple) ou « Pierrot et Lili » avec l'historien Pierre Largesse.

Elisabeth LE BORGNE, critique d'art


Elizabeth MARION-ROUSSEY - Sculpteur

Elizabeth Marion-Roussey découvre les arts plastiques au Lycée-pilote de Sèvres. Le dessin sera sa première passion. Peut-être est-elle héritée de ses grands-pères, tous deux peintres, cultivée par des parents d'avant-garde qui n'ont pas tardé à mettre, dès l'enfance, des kilos de pâte à modeler entre les mains de leur progéniture ? Toujours est-il qu'au Lycée de Sèvres, elle découvre la terre que, spontanément, elle aime travailler.
Le parcours de l'artiste est totalement atypique. Avant d'aborder véritablement la sculpture, elle a mené une carrière d'infirmière-puéricultrice qui l'a conduite vers l'illustration d'ouvrages pour enfants : Cahiers de la puéricultrice, Encyclopédie de l'Enfant, Manuel de l'assistance maternelle… D'abord, elle a croqué les enfants sous toutes les coutures, puis un jour elle s'est mise à les modeler dans la terre, passant ainsi à la « troisième dimension ». De retour en France après un séjour à l'étranger, elle s'est attachée au travail de la terre, notamment avec l'atelier collectif de Jacqueline-George Deyme qui lui a donné les bases de son art et lui a appris à travailler à partir de modèles vivants.
Lors d'expositions de groupe, Elizabeth Marion-Roussey a fréquemment été remarquée, notamment par d'autres artistes qui sont devenus ses formateurs. De belles rencontres qui l'ont emmenée… ailleurs. C'est ainsi que Robert Fachard l'a initiée à la taille de la pierre, Jean-Dominique Giacometti à la taille du marbre, Nicolas Kenneth à la sculpture animalière et Laurent Celton au portrait. Ce dernier lui a permis de réaliser différents bas-reliefs, entre autres, un médaillon du maire d'Eponnes. Geneviève Zang, sculpteur et amie de l'artiste, l'a également toujours encouragée. Aujourd'hui jeune retraitée, l'artiste peut désormais sculpter à plein-temps, s'adonner à sa grosse passion qui, à l'heure actuelle, éclipse totalement sa première vie.
Elizabeth Marion Roussey est dotée d'une riche imagination grâce à laquelle « l'œuvre sort très spontanément ». Elle se sent aujourd'hui « absolument sculpteur et enfin dans sa peau ». Même si elle sculpte maintenant différents sujets, sa préférence va toujours aux enfants. Pour le plaisir, elle les représente souvent en médaillon ou en buste. Elle a aussi eu le bonheur de forger l'épée de son frère, académicien. Elle estime avoir « des choses à dire » mais ne sait pas toujours très bien comment les exprimer. Elle ne « se retrouve pas dans l'art actuel ». La figuration qui, pour nombre d'artistes contemporains, ne serait pas dans la mouvance est souvent bafouée. Et pourtant… mieux vaut un bon travail figuratif qu'une mauvaise œuvre abstraite… cela ne signifiant nullement que le figuratif est systématiquement bon et l'abstraction mauvaise ! Tout est question de dosage… Et ceci reste valable dans tous les domaines !
Elizabeth Marion-Roussey a la chance de vivre à Meudon, une belle ville riche de peintres et de sculpteurs. Elle y a cependant un petit lieu où il lui est difficile de travailler commodément. C'est pourquoi elle sculpte essentiellement en province, du côté de Besançon, où elle dispose d'un plus vaste atelier. « La sculpture, nous confie-t-elle, ça prend de la place et ça fait du bruit. C'est aussi un moteur formidable… ». A Elbeuf-sur-Seine, le public peut admirer ses bébés et jeunes enfants dont l'expression du visage est étrangement grave, sérieuse. Citons « L'enfant au loup » (résine), « Progression » (pierre de Lavoux), « Petits frères » (résine) et «Pierre et Paul » qu'il est aisé de mettre en parallèle, « Petit penseur » (terre cuite), « La sieste » (résine) qui réunit le père et l'enfant, «L'enfant au fennec » (pierre de Caen), « Fillette aux oignons » (résine), « Tortue à l'enfant », tortue chevauchée par un enfant-grenouille. « Cécile au piano » (résine), l'une de ses premières réalisations, « Ti-Gibus », bas-relief en plâtre. Enfin « Carminos » (résine), tête d'enfant africaine vers laquelle se dirige notre préférence ainsi que vers « Père et fils » (Terre cuite) qui, à notre sens, est d'une grande finesse et tout particulièrement réussie.
Aujourd'hui, comme le peintre Guy Nouchy, autre invité d'honneur du Salon d'automne, comme tant de sociétaires exposant à ses côtés, l'artiste a besoin de passer à autre chose. Elle s'observe et sent bien que son travail avance. Ses dernières pièces se sont spontanément épurées et elle s'intéresse de plus en plus à l'expression des visages. « Vers quoi vais-je aller ? », se demande-t-elle. Vers l'albâtre et le marbre, étonnants matériaux lorsqu'on les travaille, ou la pierre qu'elle aborde en taille directe ? Ces derniers temps, elle s'est livrée à un exercice inhabituel : la réalisation de personnages de crèches qui l'oblige à respecter un style. Autant de voies ouvertes qu'elle empruntera ou non. Et il en existe tant d'autres que, qui sait, elle aura envie d'en explorer quelques-unes ?

Elisabeth LE BORGNE, critique d'art



Guy NOUCHY - peintre

L'art, d'une manière générale, a interpelé Guy Nouchy dès son plus jeune âge. La peinture bien sûr, pour laquelle il a montré très tôt des dispositions, mais aussi la musique et l'opéra qui ont également compté dans sa vie puisqu'il a eu l'opportunité de travailler sa voix au Conservatoire Maurice Ravel de Levallois et de chanter l'opéra trois années durant. Cette passion d'enfance laisse encore des traces sur chacune de ses peintures, tout comme les nombreux voyages qu'il a pu faire, souvent à l'autre bout du monde, tout au long de son existence.
Cependant, l'artiste ne s'est pas de prime abord dirigé vers la musique ou la peinture. Sa nature scientifique l'a avant tout poussé vers la pharmacie, domaine qui jusqu'ici lui a permis de vivre. La filière « arts-plastiques » proposée par les lycées étant généralement réservée aux classes littéraires, ce qui est bien regrettable ! il a dû se contenter, dans un premier temps, d'une option qui lui a tout de même permis de trouver un peu son miel, notamment à travers l'œuvre de Chagall dont, autant que possible, il ne rate jamais une exposition.
Devenu adulte, il tombe un beau jour en arrêt devant l'œuvre plastique d'un artiste qui finira par devenir son ami autant que son maître. Il découvre alors l'art du collage et des mélanges de matière, une technique qui, pour lui, symbolise le rêve. Cette rencontre est un déclic. Il se remet à peindre. Il s'amuse. Pour lui, il s'agit tout au plus d'un passe-temps. Malgré tout, presque malgré lui, un atelier prend forme, se construit. Au début, il se sent maladroit, puis une véritable construction s'élabore. Il visite de nombreuses expositions, rencontre d'autres artistes, travaille encore et encore. Son oeuvre de peintre démarre vraiment en 2004. Elle atteindra sa vitesse de croisière en 2006, année des premières expositions et des premières ventes. Aujourd'hui, il estime commencer à maîtriser son art. Avant tout, il se fait plaisir. Les prémices d'une œuvre sont toujours pour lui une aventure nouvelle, toujours aussi une « invitation au voyage ». Pas d'idée préconçue, il se laisse guider par un morceau de journal, un bout de tissu ou de dentelle qu'il colle sur la toile et autour duquel il brode, déclinant à l'infini une couleur dominante. Viennent ensuite les matières les plus diverses : vieux papiers, belles écritures à la plume, chinoises ou tibétaines, feuille d'or, poudre d'or, aluminium, vieilles enveloppes, enduits, journaux, sable, colorants acryliques… L'artiste est constamment en quête de matières nouvelles. Il estime le tableau achevé lorsque « sa vision d'ensemble » lui semble « homogène, calme et apaisée ; qu'elle le laisse en paix avec lui-même ». Pour lui, une œuvre n'est jamais figée. Pourtant, il y revient assez peu à partir du moment où elle a trouvé son « équilibre ».
Il lui arrive encore d'encadrer lui-même ses œuvres, souvent les plus « déjantées », ou de ne pas les encadrer du tout. Pour la plupart, il a développé une belle complicité avec un encadreur car, souligne-t-il, « un encadrement peut aussi être de l'art ». En tout cas, « il doit apporter quelque chose de plus à l'œuvre ». Citons pour exemples : « La vallée aux oiseaux » (2009) vers laquelle se porte notre coup de cœur en raison de sa belle unité turquoise et brune, plus sobre peut-être que les autres peintures. « Lincoln center » également, « Folies intérieures 1 », « Lettres d'antan », diptyque légèrement ouvert ou « Musique légère ». Enfin, « En première instance » qui, comme « Chicago movies » est une œuvre récente qui laisse déjà entrevoir une première cassure des vieux schémas. Dans l'ensemble, l'artiste juge que ses tableaux - auquel le titre est toujours donné lorsqu'ils sont terminés - gardent un côté « bien ordonné » - trop peut-être - qu'il aimerait bien casser pour aller vers des choses plus contemporaines avec plus de matières (carton, laine, raphia, grillage…) et ordonnancées autrement. Il se rend compte depuis quelque temps que ces cadres avec lesquels il joue sont une « transition vers autre chose ». Il ressent le besoin « de rêver, de divaguer autrement, de se lâcher afin de passer à autre chose ». En bref, Guy Nouchy est en pleine mutation !

Elisabeth LE BORGNE, critique d'art




© 2013 - SAEBS - Tous droits réservés