brevue de presse

Bernard ORANGE à CAEN
Luis PORQUET - Les Affiches de Normandie - 2011

 

Bernard ORANGE, qui vit et travaille à Cherbourg, fait partie des peintres auxquels nous accordons une attention privilégiée. Véritable cas d'espèce, cet autodidacte inspiré et pétri d'humour noir a su créer une écriture qui le démarque d'un certain nombre de ses confrères. Ayant opté pour l'encre et l'acrylique sur toile après avoir longuement testé sa technique sur papier, il a fait naître un univers à nul autre pareil. Son style graphique et narratif, que d'aucuns rapprocheraient de l'esprit de la bande dessinée, lui permet d'exprimer ses rêves et ses colères, non sans une certaine causticité parfois. Mais le rire, qui si souvent nous sauve du désespoir, affleure dans la plupart de ses tableaux où l'arbre, puissamment chargé de symboles, s'inscrit de façon récurrente.
La figure de l'oiseau, non moins allégorique, est tout aussi présente. L'un et l'autre ont affaire à l'arrogante bêtise de l'homme, prédateur dont l'extrême myopie crée plus de problèmes qu'elle n'en résout. Les dommages qu'elle cause à la terre, l'exploitation dévastatrice des ressources de la planète font partie des thèmes majeurs et favoris du peintre, écologiste convaincu dont le passé professionnel témoigne d'une bonne connaissance des problèmes liés à l'énergie dont nous tenons, nous assène-t-on, notre si fière indépendance. Mais à quel prix pour le futur ?
Adepte de Prévert, qu'il eut la chance de rencontrer, Orange cultive l'art des titres et du jeu de mot, n'hésitant pas, à l'occasion, à placer un poème en vis-à-vis d'une œuvre :

Dans les cieux il y a
Des grands oiseaux
Qui volent haut
Très haut
Très haut et très simplement

Sur la terre il y a
Des petits messieurs

Qui volent bas
Très bas et très lourdement

Cette formule pleine de saveur donne le ton de l'exposition. Sur les cimaises de la Galerie Art-Culture-France à Caen, pas moins de 43 œuvres parfaitement mises en valeur emmènent le visiteur dans ce monde ubuesque et pourtant poétique. Il faut du temps pour faire un arbre, mais il suffit de quelques secondes pour l'abattre à la tronçonneuse. C'est cela, dit-on, le progrès. Et l'on se plaît à croire qu'un sursaut de sagesse viendra peut-être de cette peinture avant que l'homo sapiens sapiens n'ait totalement souillé et détruit ce qui l'entoure.


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Bernard Orange
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