Poésies et réflexions

2000 - 2018

L'étrangère

Ton mascara m'enchanta
Et ton rimel me remplit de zèle
Te trouvant belle.
Tes yeux bénis des cieux,
M'offrirent un état des lieux :
Je n'étais pas à Ankara,
Mais au Palatinat,
Et le rituel de ton sourire,
Me fit atteindre plus vite,
Ce grand rire.
Et blotti en ton gîte,
L'heure passa outre mer,
Et s'inclina ton regard,
Non sans hasard,
Si proche de la terre,
Comme une oraison,
Par défunte raison,
Vers la corolle,
Un peu folle,
Des narcisses,
Et des abysses
Mais le ciel,
Sans son Fiel,
T'offrit leur pollen,
Et à perdre haleine,
Tu t'éloignas,
Si vite et si frêle,
Quand tes ailes s'ouvrirent...
Et sans un sourire,
Tu t'envolas...

Du rêve au désir

En pleine nuit,
l'ambroisie, cette ivresse des profondeurs de l'âme, comble habituellement nos rêves d'unité et d'universalité.
Nos plaisirs, allongés d'un cocktail de sensations évanescentes, prennent pour miel, ce plasma des heures vécues...
Mais en plein jour, un Sage dira : "Comment feras-tu pour extraire et garder le nectar de tes expériences, si tu ne mets pas en silence les instants les plus encombrés de tes désirs ?"
Invitation au discernement et à la méditation, sans nul doute...
Mais si, un bon matin il nous vient cette idée là : renaître !
On aimerait alors entendre la voix du Sage parler en ces termes : "Prends un respir avec respect et offre-le à la nature, et de toi-même aspire au soupir, car il te faudra percer en ce printemps qui vient, la croûte du réel, et appeler de toute ton âme, l'esprit des plaines à manifester le renouveau..."



Horizons

Ils ne disent mots, quand le soleil se lève, où quand celui-ci trempe son voile rouge, dans l'horizon des soirs
Mouettes, passereaux et autres, en ces instants-là, nous le savons, se taisent
Nous aussi, nous devenons témoins, absorbés par l'émeraude saline qui vire au jade, ou plonge dans le sombre.
Il n'est nul besoin de dire, combien les embruns semblent offenser ce silence...
bien que... pour être juste, les vagues elles-mêmes viennent jouer leur partition et cherchent en vain à nous bercer, et tendre leurs bras
Conscients, de cette manifestation, nous y trouvons du sublime, et de l'exceptionnel, une autre façon de voler au secours des heures mortes

Nature

Offerte en ma présence,
Ta voix limpide
Par une vie si intime,
Et si peu d'aisance,
A montrer ton coeur...
Ton silence est lui-même,
Comme brème,
Si bien élevée,
Pour être bien née,
Loin des aigreurs
A vivre de l'heure...
Et que raison s'innerve
En ta demeure,
Loin des faveurs,
Je cours en pleine verve,
Annoncer ton retour.

Tu portes encore
L'image des lieux
Au fond de tes yeux
Si proches des feux de brousse
Aux couleurs rousses
Si éloignés des savoirs
Mais si proches des mousses
Sur galets noirs

Je n'y vois...

Au-delà même des dunes
Qu'une voile se tende
Prenne le pourpre,
Défie le beaupré,
Et lance de la hune,
Le cri des goélands,
je n'y vois que courage et élans
Des hommes prêts à s'entendre...

Plus qu'un mystère
A vouloir naviguer
Par les mers
Fouler la terre
Et tout révéler
Ce qui est à peine éveillé,
Je n'y vois qu'Asters
En nos regards,
Par bien des hasards,
Prêtes à s'ouvrir,
Pour y sourire.

A marquer de nos traces
Le sable du soir
Avant que rêves et profondeurs célestes
Illustrent nos pages intimes,
Où vient se poser,
Le destin lent,
Qui nous offre des lendemains,
En pleine grâce,
Je n'y vois qu'espérance
Et plaisir de vivre.

Si proche

Et si proches des anciens,
Rompus aux tempêtes
Et aux adversités
Ramenés au temps de la préhistoire,
Aujourd'hui,
Il nous faut savoir refuser,
Le harnais des contraintes,
Imposées sous la crainte.
Voir davantage,
Les heures s'étreindre,
Et caresser la peau des instants
A vivre,
Gonfler l'aile de notre présence,
Pour une vie si discrète,
Et en si peu d'errance,
Montrer la voie du coeur.

J'ai vu

J'ai vu de vieux ans
Poser sur leurs tempes
Le meilleur de leur temps
Sur de larges bancs.

J'ai vu de grands vents
Sonner dans les drisses
Et former dans les glisses
Les plus grandes pentes
Bien drossées sur leurs flancs


Table et fable

J'ai entendu un rire incroyable
Partir d'une table
En un visage radieux et félin,
A forger un destin,
Apte à réveiller les plus jeunes
En quelques mots à peine avouables
Aussi vifs et louables,
Qu'un bel espoir en plein alizé.

J'ai traversé un champ de blé
Inimaginable en son or solaire
A sortir d'une fable, un visage
Trop sérieux, ou innocent,
Bien mûri en plein vent,
Et apte à réveiller les grands dieux
De l'espace et du temps.

Les anciens

Aux plus étincelants de nos aînés,
Parmis nos grands alités,
Et pour les plus errants des baptisés,
Je voulus prendre leur sourire,
Le déposer dans ma main,
Comme un matin
Pour le dire
Mais tout se referma,
Sur un silence...

Progrès ou évolution

Nous arrivons aujourd'hui à de telles hauteurs de précision sur le plan des innovations technologiques et de leurs applications... L'accès au monde se complexifie et devient un peu plus difficile... De simples fonctions comme voir entendre, sentir, font l'objet d'études très sérieuses. Ce qui me rappelle ce que disait Einstein à Eisenberg : "C'est la théorie qui permet de comprendre ce que l'on voit."
Humour, peut-être,... Ce n'est pas sans y réfléchir... La vue nous a été donnée par transmission donc acquise par nature. Nous avons des yeux pour voir, mais quoi au juste... pourrait-on dire aujourd'hui ?
Il nous faudrait aussi rechercher et savoir pourquoi, le regard seul, ne suffit pas à définir et comprendre les choses...
Et puis la théorie a émergé de tant d'efforts, d'expériences, qu'il nous faudrait commencer par faire une pause... avant de vouloir réapprendre à voir autrement.

Clermont-Ferrand (article)

Dans cette région, la terre joue de ses proéminences et les vieilles rues soulagent les grandes et solides bâtisses des vieux quartiers.
Les pas y prennent patience. Les paroles mêmes y développent un velouté qu'aucune insulte ne semble atteindre...
Le citadin, raisonnable, semble vivre loin des futilités et de l'avidité des capitales. Cette ville n'a rien à envier aux autres : un réseau bien développé de routes, rues, autoroutes, sens interdits, s'offre aux plus curieux et surprend les visiteurs.
La cathédrale, fière de ses origines, offre ses murs en pierre de lave (volvic) aux touristes admiratifs. Ses grands bras laissent imaginer la solidité de ce peuple enraciné au pied des massifs et des volcans.
On pourrait même croire en des citadins prêts à s'embraser, éructant quelques iinjures ou autres irritations...
En fait, il n'en est rien. Leur calme et leur joie de vivre, au contraire, honorent les heures passées en leur compagnie.

Je retiens près du cœur
Les semences de l’aurore,
Car elles coiffent ma vision du jour,
Et libèrent l’aube,
Pour qu’une nouvelle raison,
S’invite à chanter les heures.

Сердце вспыхнет изнутри
В миг рождения зари,
Взгляд уловит новый цвет,
Что подарит мне рассвет,
Новым смыслом облачась,
Потечёт за часом час…

Sous les fenêtres du couchant,
Tuiles et ardoises rincent,
Le bord de leurs lèvres...
Et glisse furtivement,
Par un dernier sourire,
La face du jour,
Epuisée par tant d’éclats...

Лучи заката, как из окон, льются,
Текут по крышам,
Губы черепиц пьяня...
Последним блеском,
Чтобы обернуться
В прощальную улыбку
На лице усталом дня...

Avant que tu ne saisisses l’éclat
de la nuit,
Souffre, à rendre l’esprit plus souple.
Ouvre–toi à l’espace,
Et prends ramure dans les bois.
Pour que tes élans,
Et tes rires,
Viennent caresser l’opale blanche,
Avant que n’advienne le grand silence...

Перед тем, как ты постигнешь
блеск ночной,
Страдая, разбуди сознанье.
Себя пространству ты открой
Пытайся с лесом слиться.
Чтобы души порывы
И твой смех
Опала белизну ласкали,
Пока безмолвие не воцарится...

Ailes de ton devenir,
Tu voles les heures à ton présent,
Et, en l’écrin,
S’épouse l’humeur
Des temps bienheureux...
Le sais-tu,
Ils t’appartiennent,
La moisson du ciel et des terres,
Les parfums rares,
Saveurs et épices,
Et la douce volupté,
Du tendre et vital désir,
De vivre sans haïr.

На крыльях судьбы,
Пролетают часы твоей жизни,
Её обрамляют,
Венчая, чувства,
Счастливые моменты...
Знаешь,
Они принадлежат тебе,
Плоды земли и неба,
Изысканные запахи,
Вкусы и пряности,
Наслаждение
От насущного желания
Жить не ненавидя.

Il nous faut demander grâce au ciel,
Repeindre la terre,
Oublier le voile bleu
Et couvrir d’ocre et de pourpre,
Les pas,
Sous la tonnelle de nos rencontres.

Если б только мы могли
Оживить цвета Земли,
Голубой её покров сменить,
Охрой и пурпуром покрыть
Шагов следы,
Там, где встречались мы...

Les traces de l’homme moderne
Font mémoire fugitive sur le sable.
Les empreintes de l’homme ancien
Font traces insistantes dans l’argile

Следы современного человека
Это мимолётная память шагов по песку.
След человека древнего
Это отпечаток, затвердевший в глине.

O profondeur des nuits d’ébène,
Toi, par lune engendrée
En sérénissime Dame lactée,
Qui ouvre tablier d’étoiles,
Et sablier de toiles,
Au plus profond de notre mémoire...
O, voit comment le jour étrenne,
Les heures des hommes,
Toi par qui l’immense terre aux herbes nacrées,
Couvrait les mers de voiles,
Et ouvrait ses flancs aux regards,
Du plus profond de notre histoire.

O, эбеновая ночи глубина !
Ты, которую обратила луна
В её светлость, Млечную даму
Рассыпающую звёзды с высот.
Так падает часов песок
Где-то в глубине нашей памяти...
О, смотри, как владеет день
Временем людей.
Ты, что полями с жемчужной травой
Покрывала дали в дымке морской
И открывала для взгляда стороны,
Где-то в глубине нашей истории.