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PARIS 3e : EXPOSITION DORIAN GAUDIN ET ROBERT JANITZ "ELLE & LUI" A LA GALERIE PACT


Du 09/01/2020 au 07/03/2020
Galerie Pact, 70 rue des Gravilliers, 75003 PARIS



Du 9 janvier au 7 mars 2020,

 

Dorian Gaudin et Robert Janitz

"Elle & Lui"

Trois, c’est déjà une récurrence. Trois, c’est le minimum pour identifier un motif, un « pattern ». Trois, c’est la mise en branle de la marotte classificatoire de l’humain. Or plus que jamais, il semblerait que tout concoure à augmenter la possibilité d’ordonner le monde selon une logique d’agrégation. Aux réseaux de neurones artificiels est ainsi enseignée la capacité à reconnaître des catégories, à réduire la particularité à des caractéristiques générales immédiatement identifiables. En cherchant à le rendre lisible par des intelligences artificielles, le quotidien se retrouve réduit à la reconnaissance du même – un lampadaire, une voiture, un humain se retrouvent réduits à leur image simplifiée, archétypale. Toute aspérité qui, précisément, relèverait du mouvement proliférant du vivant et de l’événement est alors lissée, gommée.

Deux, au contraire, pose la possibilité d’une renégociation permanente. Deux, c’est l’équilibre instable, le jeu de bascule, la dissémination. C’est une « destinerrance », comme l’écrit Jacques Derrida dans La Doublure (1972), plaçant au commencement de toutes choses un mouvement perpétuel qu’il appelle dédoublement. Le binaire, le biface, c’est la queue de la comète sans la comète. Une longue traîne, aurait-on également pu dire, si le mot n’eût déjà été coopté par le champ lexical économique. Cette dualité-là, d’emblée soustraite aux velléités de reconnaissance, d’analyse et de prédiction, est précisément celle que convoquent Dorian Gaudin et Robert Janitz pour leur duo show à la galerie PACT. Le titre lui-même est un leurre, visant à faire dérailler les identifications trop hâtives. Elle & Lui ne désigne personne en particulier. Plutôt qu’aux pronoms, c’est à la charnière mobile du connecteur qu’il faut prêter attention, où s’annonce déjà la mise en tension productive.

Appelons alors arbitrairement « elle » le corpus de l’un des artistes, et « lui » celui de l’autre. Sur l’unique mur de la galerie où se déploie la proposition, différents éléments issus de chacun de ces deux ensembles respectifs se rencontrent, se confrontent, se provoquent, s’allient et se répondent. Il y a des pièces « typiquement Gaudin » (le bras mécanique, la sculpture en aluminium froissé) et des pièces « typiquement Janitz » (les deux tableaux, la plante en tôle en acier). Et puis, en guise de point d’orgue, cette fontaine éruptive, la seule co-signée par les deux artistes, dont l’écoulement perpétuel renseigne sur la nature de la relation qui les unit : « une énergie ludique mais précise », pour reprendre les termes des intéressés. Certaines des oeuvres sont fixes, d’autres en mouvement, chacune appelant la suivante. Accroché en frise, l’ensemble se lit comme une partition musicale, une phrase, ou bien une réaction en chaîne. Si la reconnaissance de motifs est le mode de production de sens de l’intelligence artificielle, la construction d’une séquence reste celui de l’esprit humain, simplement humain.

Elle & Lui matérialise avant tout une amitié d’artistes. L’un et l’autre se rencontrent il y a six ou sept ans à New York, leur ville élective. Là, ils passent du temps ensemble, jouent au backgammon, s’échangent ou s’achètent des œuvres. A ce titre, la collaboration de Dorian Gaudin et de Robert Janitz ne se situe pas tant dans la production de pièces que dans celle d’un contexte. A priori, rien ne prédisposerait en effet à rapprocher ces deux corpus. Les deux artistes sont issus de générations différentes, et ils oeuvrent dans des médiums qui le sont également : la sculpture pour l’un, la peinture pour l’autre. Une fois insérées dans la séquence, les origines et les logiques internes de chaque œuvre se retrouvent barrées, brouillées. C’est le temps passé ensemble, un temps subjectif, improductif, hors de la mesure comptable, qui permet de faire exister ensemble les oeuvres. Les rapprochements s’effectuent par des associations lyriques et enlevées, naïves ou tirées par les cheveux, autant d’équivalents formels du surgissement fulgurant et fugace d’un trait d’esprit – transformé en trait d’union, formel ou mécanique.

Par l’accrochage émerge un espace discursif singulier et polysémique. La signification apparaît à chaque instant en péril de dégringolade tragicomique, et l’interprétation, un exercice d’équilibriste à entreprendre à ses risques et périls. En creux, l’exposition révèle combien toute prétention aux taxonomies objectives est non seulement illusoire, mais également appauvrissante. Alors que l’intelligence artificielle réduit tout vivant à de l’objet, l’accrochage de Dorian Gaudin et Robert Janitz effectue ici le trajet inverse : ici, chaque oeuvre apparaît aussi singulière, plurielle, imprévisible, mobile que l’est le vivant lui-même.

Ingrid Luquet-Gad  //  Critique d’art membre de l’AICA, journaliste (Les Inrocks, Artforum, Art Press, Le Quotidien de l’Art, La Dispute sur France Culture)




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