La justesse d'un regard inspiré

Loïc Gesnouin au cœur
de son atelier, véritable antre magique
où naissent les œuvres de cet artiste-démiurge.
Loïc Gesnouin présente
ses toiles à la galerie d'encadrement Bailleul, rue
Waldeck-Rousseau. L'artiste est un enfant du pays puisqu'il
est né le 30 août 1960 à Saint-Martin-de-Landelles.
Il est revenu l'an dernier s'installer à Saint-Hilaire,
à proximité du plan d'eau du Prieure, devant
lequel il se laisse inspirer pour se mettre au diapason
de sa sensibilité faite au contraire de bouillonnements
et de fulgurances. Loïc prépare d'ailleurs des
projets d'envergure, dont une fresque de 80 m² pour
la base de loisirs de la Mazure.
Artiste du rêve et
de la passion, il recherche sans cesse une forme d'expressionnisme
ultime qui puisse faire voler en éclats les cadres
trop stricts de la peinture dite "officielle".
A la fois profane et religieuse, excessive et raffinée,
sa palette étale sur la toile toute une gamme d'émotions
qui débordent nos représentations figées
par la banalisation des images. "Peindre des paysages
du Mont-Saint-Michel, c'est bien, déclare-t-il, mais
ça ne fait rien avancer. Un artiste est là
aussi pour transmettre des choses, pour être à
la pointe de l'actualité".
Touaregs et universalité
Très touché
par les événements du 11 septembre dernier
aux Etats-Unis, Loïc Gesnouin a par exemple voulu apporter
à cette tragédie son regard d'artiste. "J'ai
peint des Touaregs dans le désert. Cette image me
plaît car elle renverse tous les clichés qu'on
a pu colporter dans les médias, à propos du
monde arabe. Ces Touaregs représentent pour moi l'universalité.
Ce sont des gens tranquilles et paisibles, ce sont des sages
qui n'ont pas besoin de faire la guerre, ils sont heureux
du peu de choses que la vie leur apporte".
Mais la plus grande partie des œuvres
que Loïc présente à la galerie Bailleul
reste ses tableaux d'inspiration musicale qui révèlent
la patte personnelle de la "touche Gesnouin".
Ces grandes toiles sombres et torturées expriment
la grande dualité de l'homme, prisonnier des carcans
sociaux et de ses passions destructrices. Ces chefs d'orchestre
noyés dans leur musique sont à notre image
: des êtres humains fragiles qui deviennent des surhommes
dès que la musique les emporte avec eux, dans un
autre monde, dans une autre sphère qui n'est autre
que le cœur de la vie...
La Manche Libre
2 décembre 2001

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