Un tableau peut cacher un morceau

Vendredi soir 22 octobre.
La vitrine de la galerie Bailleul est toute embuée.
Il semble y avoir du monde à l'intérieur.
On pousse la porte qui tinte. Quelle ambiance ! L'heure
est au vernissage de l'exposition de Loïc Gesnouin,
un artiste-peintre habitué de la galerie. Tout le
stock artistique a été rangé dans une
pièce jouxtant la boutique pour que le peintre jouisse
entièrement des lieux.
On se laisse attirer par ses tableaux.
Ils transpirent la musique classique. C'est un chef d'orchestre
qui s'agite dans tous les sens, là un quintet de
violonistes étourdis sur leurs archets, plus loin,
d'autres musiciens et encore d'autres, chemises blanches,
vestes noires. C'est travaillé au couteau, au pinceau,
avec les doigts.
Soudain, l'artiste apparaît.
Il semble sortir d'un de ses tableaux. Chemise blanche,
veste noire, foulard de soie. Il rayonne à l'image
de sa peinture. Parmi le brouhaha, on arrive à le
faire poser près d'une de ses toiles puis à
lui faire sortir quelques mots, tandis que les invités
commencent à réserver tel ou tel chef d'oeuvre.
"Je peins depuis une vingtaine d'années.
J'ai longtemps cherché mon style. Je suis passé
du nu au figuratif puis à l'art abstrait. Lorsque
j'ai découvert la musique classique, j'ai trouvé
mon style."
Alors, on comprend tout de suite. Derrière
chaque tableau se cache un morceau de musique classique.
Derrière chaque coup de pinceau, chaque lampée
de couleur se cache une note. Loïc Gesnouin peint comme
il bat la mesure, il vit la mélodie sur sa toile,
il en ressort une image, une oeuvre. Et c'est un vrai morceau
de peinture qu'il signe.
"A partir de l'an
2000, je vais exposer dans plusieurs galeries à Paris
puis à l'étranger. " Cet autodidacte
ne vivra bientôt que de peinture et d'eau fraîche.
"Je peins tous les jours, même la nuit. C'est
un réel plaisir. Une drogue. C'est un acte d'amour.
La soirée de l'an 2000, je la passerai devant une
toile avec mes trois chats." Et un bon morceau
de musique classique.
A noter :
L'artiste a décidé d'offrir une toile pour
la Ligue contre le cancer ; son encadrement est offert par
Patrick Bailleul.
La Manche
Libre
31 octobre 1999

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